Crash sur le Bund Future, graphique en jours
La forte baisse sur le future Bund sur les obligations d'état à 10 ans était certainement la nouvelle des derniers jours. Alors que le Bund avait encore augmenté de 160 points le 17 avril, ce qui avait porté les obligations à un rendement de 0%, une première baisse a eu lieu le 22 avril. Rien d'anormal diriez-vous. Cela arrive souvent sur un marché qui est monté trop haut. Mais le future a perdu 2,72 points en deux jours. C'est la deuxième plus grosse baisse depuis 1991.
Des taux d'intérêt négatifs n'ont pas de sens
L'observateur attentif aura remarqué que quelque chose d'inhabituel est entrain de se passer. Alors que les intérêts sur les obligations à deux ans, cinq ans et récemment huit et neuf ans étaient devenus négatifs, les participants du marché semblent bouder les intérêts négatifs sur les obligations à dix ans. Nous ne pouvons que spéculer sur les causes de ce retournement soudain. Peut-être que de plus en plus d'investisseurs se rendent compte que des intérêts négatifs sont tout simplement un non sens. Il est excessivement difficile pour un fonds d'obligation de produire une trésorerie positive avec un taux d'intérêt négatif. Comment serait-ce possible?
Une absence de demande?
Est-ce la fin du marché haussier sur les obligations ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais il est indéniable que M.Marché a lancé un avertissement et, lorsqu'il le fait, il faut écouter attentivement. Mais c'est tout de même un peu étrange. Car la BCE vient à peine d'entamer son programme de rachat des obligations d'état. La hausse sur le marché des obligations est donc en fait soutenue par des "fondations " solides. Les connaisseurs du marché suggèrent que le manque de liquidité, précédemment mentionné, est la cause de ce mouvement soudain. La demande pour des obligations dont les intérêts sont négatifs n'est simplement pas assez grande. En d'autres termes : si tout le monde a déjà acheté, qui le fera encore ?
Stocker du liquide ?
C'est en Suisse que le phénomène des intérêts négatifs est le plus avancé. Ces dernières semaines, le débat sur un possible stockage d'argent liquide s'est ravivé. Dans cette situation économique, il est plus sage de mettre ses billets de banque en lieu sur, plutôt que de les investir sur les marchés financiers. Notamment parce que les frais de stockage ne sont que d'un tiers des intérêts négatifs. Mais des difficultés inattendues apparaissent ici aussi. En ce moment, la Suisse a 67 milliards de Francs suisses en circulation. Si les investisseurs institutionnels devaient soudainement stocker 30 à 40 milliards de Francs, il se poserait un problème de livraison. Les presses de l'imprimeur Orell Füssli tournent déjà aux limites de leurs capacités.
L'or n'est pas un alternatif
Il ne reste que l'achat d'or comme solution alternative. Mais l'achat d'or engendre des pertes, ne serait-ce que par l'écart entre le prix d'achat et le prix de vente. De plus, l'investisseur doit tôt ou tard convertir son or en monnaie.
L'investisseur obligataire célèbre Bill Gross a annoncé, juste avant le crash sur le future Bund, qu'il garde une position vendeuse sur ce marché. D'autres l'ont déjà suivi et un certain nombre de fonds hedge sont également en position short. Il faut être conscient que c'est un pari contre la BCE. Mais il faudrait aussi avertir la BCE qu'elle court à sa perte !