La guerre est déclarée..
C’était Guido Mantega, le ministre des finances brésilien, qui a déclaré fin septembre 2010 qu’une nouvelle guerre des devises avait commencé. Une guerre des devises? Les guerres se font en général avec des armes. Comment les devises peuvent-elles être des armes? Et surtout : existe-il réellement des pays dans le monde qui utilisent cette arme pour mener une guerre contre d’autres nations. Et pourquoi?
Une opération secrète
Peut-être que l’auteur de cette oeuvre forte, James Rickards, est la bonne personne pour nous en dire plus à ce sujet. En 2009 il a été invité par le Pentagone pour faire partie d’une opération secrète menée dans un laboratoire par une soixantaine de militaires, d’experts des services secrets et de scientifiques. L’objectif était de savoir comment il faudrait réagir si les Etats Unis ne faisait pas l’objet d’une attaque par des avions, des chars ou des armées étrangères, mais par des manipulations sur les marchés financiers.
Les deux guerres de devises du vingtième siècle
La narration de cette opération est déjà très excitante. Mais les rapports détaillés sur le déroulement des deux guerres de devises, qui ont eu lieu au vingtième siècle (selon Rickards), sont encore plus intenses. La première guerre des devises a fait rage de 1921 tot 1936. Et la deuxième de 1967 tot 1987.
Les dévaluations n’aident pas..
Une des leçons les plus importantes de ces “guerres”, selon Rickards, est que les dévaluations de monnaie n’impliquent jamais une croissance économique, comme semblent l’espérer les leaders politiques d’un pays. De même, les dévaluations ne permettent pas non plus de “racheter” une croissance sur le marché de l’emploi. C’est exactement ce que le président Nixon a tenté de faire en 1972 avec le dollar. Le résultat fut la chute de la plupart des monnaies occidentales, comme la livre britannique, le franc suisse et le dollar canadien qui furent entrainés dans la spirale de la dévaluation, annulant ainsi son effet. Et une bonne dose d’inflation en fut la conséquence. Cela vous semble-t-il familier?
Les devises commencent à flotter..
Ce qui est intéressant, c’est la nouvelle perspective que vous obtenez en lisant cet ouvrage. La conséquence de cette deuxième guerre des devises fut la fin du système de Bretton-Woods (la corrélation de toutes les monnaies au dollar à l’or). Ce qui eut pour effet le “flottement” soudain des devises. C’était le début des échanges interbancaires de devises. Une dernière réponse tardive à la fin de Bretton Woods fut la construction de l’Union Européenne avec, au final, l’introduction de l’Euro en 1999.
Les problèmes ne sont pas résolus
L’histoire de la première et de la deuxième guerre des devises démontre selon Rickards surtout qu’une guerre des devises est bien le pire moyen pour résoudre les grands problèmes macro-économiques. Parmi ces problèmes, on compte invariablement au cours des 100 dernières années une dette publique excessive, qui ne peut plus être remboursée. Nous voilà donc bien arrivé dans le présent. Si depuis 2010 une troisième guerre des devises est en marche, et si une spirale de dévaluation est introduite (subventionnée par les banques centrales respectives), on est forcé d’en conclure que les leaders politiques n’ont rien appris de l’histoire.
James Rickards, Currency wars, Penguin Group (USA) Inc 2011